Déjà 5 semaines de confinement, 5 semaines de solitude. La solitude, j’avais déjà expérimenté. La solitude des fins de relation, celle où vous êtes entouré mais où vous vous sentez pourtant si seul…
Nous vivons tous les choses de manière différente, armés de nos expériences passées, de notre parcours, aidés par ceux que l’on a choisi de garder à nos côtés.
Le confinement a un goût d’éternel week-end où on aurait oublié de programmer un moment convivial en famille ou entre amis. Il pèse sur le quotidien, nous empêchant de voir ceux qui nous sont chers. Ma séparation récente m’avait déjà appris à vivre sans mes enfants, deux grands gaillards tout juste adultes, mais je les voyais, souvent lors de petites soirées improvisées où j’aimais voir leur sourire parce que j’avais cuisiné leur plat préféré.
Le manque… Un manque chaque jour parce qu’on ne les voit pas, parce qu’on ne peut les serrer dans nos bras… Et un espace de réflexion sans fin… Se rendre compte de qui nous manque ou pas, de ce qui nous manque ou pas. Se rendre compte combien notre travail est important et repose sur l’humain. Que dans les conditions actuelles, il est si difficile de l’exercer et de mener à bien nos missions.
Un espace de réflexion sans fin… Parce que, quand on est confiné seule… Cela signifie ne pas discuter (sauf lors des appels téléphoniques et quelques visio), ne pas jouer (où sont les fous-rire autour d’une partie de cartes, d’un jeu de société ? le plaisir de jouer au ballon en équipe ? le bruit des verres qui s’entrechoquent sous nos regards de connivence ?
Un espace de réflexion sans fin… L’occasion de se poser un peu, alors que d’habitude, nous réfléchissons à demain, à la semaine prochaine, au mois prochain… en oubliant peut-être de vivre l’instant présent, trop occupés à anticiper toutes ces choses du quotidien. Aujourd’hui, je me projette à deux heures. Mon questionnement principal est de savoir ce que je vais me préparer à manger pour le prochain repas, et mon principal stress, de savoir s’il y aura des fruits et légumes au drive !
Alors, oui, l’occasion de se poser un peu. De réaliser que si je ne possède plus rien (Et oui, séparation rime pour moi avec nouveau départ, sans logement, sans meuble, juste avec mes vêtements et mes livres), j’ai toujours eu l’immense chance d’être entourée de personnes formidables. Et je me rends compte à quel point je suis chanceuse. On me prête une grande maison avec une terrasse et un jardin pendant que bien d’autres sont confinés dans des espaces exigus sans extérieur. Certes, je suis seule, mais de ce fait, pas de dispute, pas de violence. Pas d’enfants à qui faire l’école tout en télétravaillant, pas d’enfants à occuper, à réconforter. Et pas non plus de problèmes financiers…
Alors finalement, ce confinement, j’essaie d’en profiter au maximum, d’en tirer tout ce qui peut être positif. Sentir la chaleur du rayon de soleil qui perce par la baie vitrée, écouter le chant des oiseaux… et me rendre compte combien ils sont nombreux et différents. Regarder la floraison des tulipes et des jonquilles… et me rendre compte que je ne suis pas capable de nommer tous les insectes que je croise.
Le temps est parfois long et l’humeur mélancolique. Alors je lis beaucoup, énormément… Tous ces livres que je voulais lire et pour lesquels je ne trouvais jamais le temps ! La lecture, c’est la seule activité qui me permet de vraiment m’évader et de ne pas penser au quotidien, de ne pas penser que ceux que j’aime sont à peine à quelques kilomètres. Si près, mais si lointain…
Parfois les larmes me viennent. Quelle belle invention que les souvenirs ! Quand au détour du couloir, un parfum vous enivre et vous rappelle celle que vous aimez. L’espace d’un instant, le temps s’arrête et vous êtes comme transporté… Et si la tristesse m’assaille quand je reviens à la réalité, elle n’efface pas mes doux souvenirs. Ceux qui m’apportent la force suffisante pour affronter de nouvelles journées, avec pour seul objectif de pouvoir, demain…, retrouver ceux que j’aime et pouvoir partager avec eux un repas, un verre, un moment ou juste un regard.
Au plaisir de bientôt vous retrouver.
Céline