Dans le quartier d’Annappes de Villeneuve d’Ascq borné au nord d’écoles confessionnelles, d’un golf et de voies privées arborées qui desservent les villas de Brigode adossées au lac du Héron, et au sud du vaste quartier populaire de Résidence, aux rues poussiéreuses, aux longues barres d’immeubles et aux modestes maisons en double mitoyenneté où sont assignées les écoles publiques, la distanciation « sociale » se pratique au quotidien depuis toujours.
Deux mondes aux modes de vie, aux stigmates physiques, aux codes vestimentaires, de consommation et d’équipement différenciés, coexistent sans s’approcher. La distanciation est parfois ostensible, souvent discrète, mais toujours soigneusement entretenue par les catégories aisées dans leur souci constant de se distinguer du vulgum pecus.
On pourrait penser que la distanciation physique instaurée depuis la crise sanitaire rapproche paradoxalement au contraire les habitants en masquant indistinctement les visages. Même pas : le vague mouchoir des uns fait pâle figure devant l’élégant tissu – bleu marine, c’est le nec – certifié afnor des autres.
Jacques