Le 16 Mars on nous a annoncé le confinement afin de faire face au Covid.
Quelle angoisse pour tous je pense et plus particulièrement pour les personnes de santé fragile.
J’ai attendu cette date du 11 mai 2020 pour certaines régions et du 28 mai plus particulièrement pour nous les gens du Nord.
Après une longue période d’angoisse tenace et discontinue, je comptais les jours qui s’égrenaient vers une tant attendue libération !
Mais ça c’était ma positivité car aussitôt venait me distordre l’estomac une sournoise crainte : la BETE n’aura pas totalement disparu …
Où es-tu? Où seras-tu ? Chez qui logeras-tu ?
Alors sentiment contradictoire : au fil des informations, les Hauts de France restent au rouge.
Tant mieux !! Cela veut dire que je ne sortirai pas encore et me sentirai protégée encore un peu.
Oui mais il va bien falloir sortir un jour.
D’autant qu’on nous apprend qu’il ne disparaîtra pas totalement.
Il va falloir se faire confiance et surtout faire confiance aux autres mais ça c’est pas gagné !
Alors et progressivement, des stratégies se sont mises en place. Oh, je ne dois pas être la seule mais c’est un changement dans mes habitudes : je choisis mes espaces de ventes, de proximité. Je ne fuis pas les autres, je me protège et protège les miens.
Et surtout, je me rapproche de la nature. Pas très compliquée pour moi: j’ai toujours adoré le contact avec les animaux et apprécié les jardins plus particulièrement.
Prise par le temps, le travail, la famille, j’avais un peu négligé le mien. Ce temps, assez long passé à la maison, m’a donné l’occasion d’y retourner et de me consacrer à ma passion. C’est devenu ma priorité !
La météo clémente m’a bien aidée.
Autant dire que depuis quelques années, la nature a bien pris ses droits chez moi et le travail s’est vu amplifié.
Et chose que je n’étais pas parvenue à faire depuis notre installation, ancienne, j’ai pu redessiner mon espace !
Cela a demandé des efforts considérables, des besoins physiques importants.
Fatiguée mais heureuse, courbaturée mais fière de moi : je suis allée jusqu’au bout ! Et seule ! (mon mari et ma fille n’aiment pas le jardinage…)
Est-ce ça le dépassement de soi ?
J’ai eu quelques moments de doutes, d’interrogations: vais-je y arriver ?
Et bien OUI ! J’en ai assez d’avoir des projets dans la tête, des idées à profusion mais qui n’aboutissent jamais !
Alors, je pose mes fesses sur le sol, épuisée, sale, mais contente : je vais y arriver !
Des règles de « bonne conduite » s’instaurent et je n’y renoncerai plus. Je suis trop bien.
Je ne m’étais pas ou plus rendue compte que je possédais une telle volonté. Ça fait énormément de bien.
Et puis, je ne me suis pas arrêtée là.
Un autre de mes projets est en cours d’élaboration. Je suis une passionnée de jardins anciens. Le mien est maintenant achevé et plein. Je me suis mise à l’élaboration d’un projet de création d’une roseraie (de roses anciennes) couplée d’un jardin de simples médiévales. Les couleurs, les odeurs ! La beauté à l’état pur.
Reste à trouver le particulier ou la municipalité qui acceptera cette idée et l’impérative close d’ouverture au public.
Mon unique motivation est le partage avec les autres.
Ce ne sera pas forcément facile, mais déjà d’en être arrivée là est une totale satisfaction !
Seulement, au retour à la maison, la réalité refait face : les Hauts de France sont
toujours en rouge !
Et bien tant mieux, je resterai encore un peu dans ma chlorophylle bulle… je me sens en lieu sûr.
Bon, ça titille quand même…
Et tiens, c’est à ce moment-là, que ma fille me demande de me poser un peu au jardin avec elle, cette fois en contemplation. Ma fille apprécierait le jardin maintenant ?
En tout cas, sa demande, en cas de libération est de visiter des jardins remarquables… pas mécontente la mère que je suis… Promis, je trouverai le temps !
28 mai : annonce du gouvernement : nous sommes passés en vert ! Fini la limite des
100 kms, etc. !
Je reste dubitative… ce n’est qu’une demi-libération…
Covid, tu seras où quand je sortirai, où te cacheras-tu ? Chez qui logeras-tu ?
Et bien, effet bol d’oxygène, odeurs florales auxquels je me suis imprégnée, cela me donnerait-il ce sentiment de force, de volonté qui m’habite depuis quelques temps ?
Ce dont je suis sûre maintenant, c’est que je me ferai confiance et saurai me préserver un maximum en instaurant mes limites.
Même si la crainte de la BETE reste au fond de moi, je me sens plus forte pour affronter le retour à la vie « sociale » et professionnelle.
Le travail auprès des jeunes en maison d’enfants…
Je sais que cela ne sera pas évident : ces jeunes apprécient le contact, les rapprochements physiques. Alors les mesures de distanciation…
Ce qui me terrifiait au départ de cette épidémie semble s’apaiser un peu.
Les deux jeunes restées dans leur famille et dont je m’occupais à distance sont rentrées à la maison d’enfants depuis le 04 Mai mais les liens subsistent. Les autres jeunes apprécient de m’appeler en visio et manifestent chaleureusement leur envie de me revoir. Cela me fait du bien de les entendre.
« Ne t’inquiète pas Hélène, on sait que tu es malade et on sera prudentes ». C’est pas chouette ça ?
Alors que je me terrais chez moi, j’envisage maintenant une reprise du travail avec un peu plus de sérénité .
Qui a dit : « ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort » ?
En tout cas, cette épreuve m’a fait mûrir un peu plus : je pose des actes, prends des décisions de manière plus efficace : ce qui est dit est dit et ce qui est pensé est fait !
Ouh là que ça fait du bien !
Covid, tu es un meurtrier et je te traquerai partout mais tu as permis une résurgence de Vie chez moi ! Et Toc !
Hélène.